Que de choses à penser quand on organise un spectacle ou un festival ! Les premiers points à anticiper, ce sont les infrastructures de sécurité au sein de la manifestation, ainsi que l’accueil du public. Pour vous aider à y voir plus clair, Coulisses a interviewé Patrice Morel, formateur professionnel à l’IRMA sur les aspects sécurité et journaliste pour L’Actualité de la scénographie.
Que faut-il savoir sur la sécurité des spectacles ?
Notre rôle, en tant que formateur, est d’essayer de faire comprendre que la prévention des risques est indispensable. On apprend aux employeurs à anticiper les problèmes inhérents au lieu du spectacle. Même si cela a un coût, mettre en place un bon système de sécurité est très important ; c’est toujours gagnant sur la durée, tant économiquement que socialement.
Quelles sont les obligations des employeurs en termes de sécurité ?
Les postulants à la licence d’exploitants de lieux de spectacle (catégorie 1) doivent impérativement avoir suivi une formation à la sécurité auprès d’un organisme agréé. Autrement, ils doivent justifier de la présence d’une personne qualifiée dans le domaine de la sécurité des spectacles dans la structure. Notons que depuis 2000, il y a une quinzaine de formations agrées en France.
De manière générale, d’où proviennent les incidents sur le lieu de spectacle ?
Lorsque survient un accident, il y a 75 à 80 % de chance pour qu’il s’agisse soit d’un accident du travail, soit d’un accident dans le public. Et, dans le premier cas, la plupart des problèmes de sécurité sont liés à des erreurs d’organisation et de planning.
Alors quelles sont les précautions à prendre ? Sur le plan administratif ?
Il faut avant tout que les missions des employés soient claires et que ceux-ci ne ne veuillent pas tout faire. Une grande partie des accidents arrivent aux nouveaux embauchés. Les stagiaires, par exemple, prennent souvent des risques inconsidérés pour se faire bien voir. Il faut également faire preuve d’anticipation et d’organisation. Nous recevons quelques fois des contrats de travail deux mois après la manifestation. Ce n’est pas imaginable ! Enfin, les structures peuvent manquer à l’obligation des analyses de risques…
Et d’un point de vue technique ?
On voit parfois l’absence de garde-corps ou une infrastructure pas forcément à jour, notamment du point de vue des installations électriques. Ce que de nombreux organisateurs ne prennent pas non plus en compte, ce sont les mouvements de foule, notamment face aux intempéries, comme un gros orage qui se déclenche brutalement lors d’un festival, par exemple.
La signalétique peut aussi poser problème. Il faut qu’elle soit convenable pour que le public sache où se diriger. On doit également penser aux échanges avec lui en cas de problème : un éclairage de secours, un système informatif pour communiquer avec les spectateurs…
Pour terminer, que recommanderiez-vous (ou non) à un organisateur de spectacle ?
Je déconseille à tout organisateur de s’occuper seul de l’administratif, de la sécurité et de l’événement sur le terrain, c’est impossible. Les associations doivent apprendre à délimiter ce qui sera à faire par les adhérents d’un côté, et par les professionnels de l’autre, et ne pas tout mélanger. De plus, il faut bien prendre en compte les risques de sécurité et ne pas avoir peur d’annuler un spectacle avant qu’il ne soit trop tard. On en revient au problème de l’anticipation.
Il faut enfin des gens qui ont l’autorité et sont reconnus comme tels. Le pire qui puisse arriver, c’est que les équipes, les techniciens, prennent le pouvoir sur la personne qui a l’autorité. Là, on en arrive à des accidents qui peuvent surprendre et ça peut être très grave.
Merci Patrice Morel pour ce témoignage !
Source image : Flickr/Nicolas