Fin 2012, le Brussels Philharmonic (Belgique) devenait le premier ensemble musical à adopter les partitions numériques, en partenariat avec le fabricant de tablettes tactiles Samsung et la startup belge NeoScores. Plus de deux ans après, quel bilan peut-on tirer sur les avantages qu’offrent les partitions numériques ? Peuvent-elles être adoptées par tous les musiciens ? Décryptage.
Les avantages des partitions numériques
Pourquoi se passer du papier lorsqu’il s’agit des partitions ? Après tout, sur ce support, certes plus que classique, celles-ci peuvent être annotées, photocopiées, recollées les unes aux autres… Mais aujourd’hui, les partitions numériques ne se contentent plus d’être de simples versions digitales de leurs homologues papiers. Elles présentent de nombreux avantages. Elles peuvent être :
- annotées également ;
- zoomées ;
- partagées ;
- composées et modifiées à partir d’une simple tablette ;
- affichées de différentes manières ;
- jouées par un lecteur numérique et servir d’accompagnement ;
- tournées (ou défilées) automatiquement, ou grâce à une pédale ;
- colorisées pour mieux se repérer ;
- transposées dans une autre tonalité ;
- imprimées bien sûr…
Autre avantage non négligeable : l’aspect financier. Le Brussels Philharmonic, qui a testé l’adoption des partitions numériques dès 2012, a ainsi estimé pouvoir économiser, avec ses plus de 100 concerts par saison, environ 25 000 euros par an en papier et impression !
Une solution pour tous les écrans et tous les musiciens
Si le Brussels Philharmonic, en partenariat avec Samsung, a pu tester pour certains concerts les partitions numériques, c’est grâce à l’application Neoscores, créée par la startup belge du même nom. « NeoScores est une application web, cela signifie que notre solution fonctionne que vous soyez sur Windows, Mac OS, Linux, Android, Windows Phone, iOS, Chrome OS ou encore Firefox OS, explique Bart Van der Roost, directeur général de NeoScores. Elle s’adapte parfaitement aux différentes tailles d’écran (smartphones, tablettes, ordinateurs fixes ou portables, TV connectées…).»
Très concrètement, cette application web permet aux musiciens d’afficher, de stocker et d’annoter leurs partitions, ou de n’en afficher que certaines parties et pas d’autres. Ces partitions (qui sont des fichiers de type MusicXML) peuvent être partagées entre membres d’un orchestre, d’un professeur à un élève, etc.
« Les utilisateurs des partitions numériques sont très variés, ajoute-t-il. De l’enfant de 7 ans qui commence à jouer de la musique dans sa chambre, à l’orchestre philharmonique dans lequel jouent de très nombreux instruments, en passant par la chorale de quartier, etc. Il est ainsi possible d’utiliser une partition tombée dans le domaine public, issue d’une musique actuelle ou créée de toutes pièces par l’utilisateur qui la charge dans l’application. »
Des partitions numériques plus accessibles
Concrètement, comment fonctionnent les différentes applications de gestion de partitions numériques ? Plusieurs technologies existent. Aujourd’hui, la plupart permettent de maintenir l’affichage de l’écran actif aussi longtemps que les musiciens le regardent. Les musiciens tournent les pages via un système de balayage sécurisé — pour ne pas subir un zoom involontaire ou se retrouver dix pages plus loin — ou en utilisant une pédale. Les pages peuvent également se tourner toutes seules au rythme de la musique — c’est par exemple le cas avec l’application Weezic. Le chef peut également avoir la responsabilité de tourner les pages de tous les musiciens de l’orchestre.
Mais avant cela, les musiciens doivent se procurer… les fameuses partitions numériques. Aujourd’hui, les partitions classiques gratuites sont très nombreuses sur internet, car beaucoup d’entre elles sont tombées dans le domaine public. Il est également possible de numériser et d’utiliser ses propres partitions ! Notez enfin que NeoScores prévoit de lancer un véritable « iTunes des partitions numériques », en référence au logiciel d’achat de musiques créé par Apple et devenu une référence dans le monde entier. « Nous réglons les derniers détails techniques. Notre ambition sera de proposer un catalogue de plus de 100 000 partitions, grâce à un partenariat conclu avec trois grandes enseignes de la musique. » Au menu : du classique, bien sûr, mais aussi des morceaux de la culture populaire, pour atteindre tous les amateurs de musique, quel que soit leur genre de prédilection.
À l’heure où la digitalisation gagne le secteur culturel, les partitions numériques ont incontestablement un rôle à jouer. Et vous, seriez-vous prêts à les adopter ? Que pensez-vous de ce système ? L’avez-vous déjà utilisé ? Prenez la parole dans les commentaires !
Source image : Flickr/Antoine Robiez