La Charte d’aide à la diffusion a été créée en 2009. Aujourd’hui, elle rassemble cinq agences régionales et l’Office national de diffusion artistique (Onda) qui y mutualisent leurs expertises et leurs moyens. Ce dispositif de soutien à la circulation des spectacles se matérialise par un soutien financier et une aide à la structuration et à la diffusion de compagnies du spectacle vivant. Concrètement, qui peut être concerné ? Quel est le rôle des six structures partenaires ? Quelle est la nature des aides ?
Une mission et des valeurs communes
La Charte d’aide à la diffusion regroupe cinq agences régionales (Arcadi Île-de-France, l’Oara Aquitaine, l’Odia Normandie, Réseau en scène Languedoc-Roussillon, Spectacle vivant en Bretagne) et l’Onda. Ces structures n’ont pas de liens organiques entre elles mais « de nombreux points communs de par leur mission et leurs valeurs communes », note Catherine Barthélemy, responsable de l’information-communication au sein de l’Onda.
« On a avant tout un positionnement politique commun sur l’importance de la diffusion, complète Thierry Boré, directeur de Spectacle Vivant en Bretagne. Comme le précisait le “très éclairant” Rapport Latarget, il nous semble “nécessaire de revaloriser la diffusion, qui est, par ailleurs, un facteur d’élargissement des publics”.
Ces structures se retrouvent notamment sur trois points : l’expertise, c’est-à-dire leur capacité à repérer des compagnies quelle que soit la discipline ; l’animation du réseau, c’est-à-dire les moyens mis en œuvre pour se faire rencontrer artistes et programmateurs et leurs dispositifs de soutien. « Ces aides, qu’elles soient financières ou d’accompagnement, sont différentes d’une structure à l’autre, précise Catherine Barthélemy, mais elles sont complémentaires. »
Par ailleurs, toutes ces structures s’accordent sur le fait que “le dénominateur commun doit rester la qualité artistique”, comme l’indique Thierry Boré, qui précise : “C’est la raison pour laquelle la première mission des conseillers artistiques, c’est d’aller voir des spectacles”.
Enfin, au sein de la Charte, la même volonté d’accompagnement et de faire-ensemble. « On se connait depuis longtemps et nous avons eu envie de mutualiser nos moyens pour aider les compagnies à dépasser leur rayonnement régional», souligne Catherine Barthélemy. « La mise en place de la Charte d’aide à la diffusion a donné lieu à une coopération pérenne entre nos structures, ajoute Nicolas Cardou, directeur adjoint d’Arcadi. Désormais, nous disposons d’une autre façon de travailler dans le cadre de la Charte bien sûr, mais aussi au-delà : échange de compétences, création de partenariats… »
L’ONDA s’appuie sur les agences régionales
5 structures régionales, une structure nationale. « On s’appuie sur les forces de chacun, explique Catherine Barthélemy. Les structures régionales ont une connaissance plus fine des compagnies présentes sur leur région. Et inversement, l’Onda dispose de moyens pour aider une compagnie à élargir sa diffusion au-delà de sa région. »
Thierry Boré abonde dans ce sens : “Effectivement, les agences régionales sont capables d’effectuer un maillage territorial plus fin. Ce que l’Onda n’aurait pas la possibilité de faire tout seul…”.
Le travail est concerté : « Dès lors qu’une des structures partenaires a repéré une compagnie, elle alerte les autres structures », note Catherine Barthélemy. Pour décider si une compagnie intègre la Charte, un représentant de chaque structure va voir le spectacle. Et c’est ensemble qu’ils prennent la décision. Thierry Boré ajoute d’ailleurs : « Quand on décide à cinq ou six, le jugement est plus sûr. » A titre d’exemple, l’an dernier, les 6 conseillers de l’Onda ont effectué 270 déplacements et vu 1 537 spectacles dans le cadre de l’activité générale de l’Onda.
Par ailleurs, la mutualisation des moyens permet d’étendre les actions de chacune des structures partenaires : « Seuls, nous n’avons pas de dispositifs pour accompagner une structure à diffuser sur d’autres territoires que le nôtre, note Nicolas Cardou. Dans le cadre de la Charte, et donc grâce aux liens que nous avons créés, nous pouvons le faire. »
Des dispositifs de soutien complémentaires
Dans le cadre de la Charte, l’Onda apporte un soutien aux lieux au niveau national, ainsi qu’aux compagnies françaises qui diffusent à l’international. Les agences régionales apportent, quant à elle, un soutien aux compagnies et aux lieux en région. Ainsi, un lieu de programmation qui fait le choix d’une compagnie soutenue par la Charte pourra bénéficier à la fois de l’aide de l’agence régionale concernée et de l’Onda.
Il est important de noter que l’Onda et chaque agence régionale disposent également de ses dispositifs de soutien propres indépendamment du soutien dans le cadre de la Charte.
Les compagnies qui intègrent le dispositif de soutien mis en place par la Charte sont accompagnées durant deux ans minimum. Cela se traduit notamment par un soutien financier : « L’Onda applique systématiquement une garantie financière, qui permet de compenser une partie du risque financier encouru par un lieu pour l’accueil d’un spectacle. Les autres structures régionales apportent une aide financière à la compagnie comme, par exemple, une aide au déplacement. » indique Catherine Barthélemy.
Au-delà de l’aide financière, il y a aussi et surtout un soutien en termes d’accompagnement. L’intérêt de cet accompagnement est, selon Thierry Boré, d’« aider une équipe artistique à sortir la tête du guidon, lui faire prendre conscience des enjeux ». Ainsi, les compagnies sélectionnées sont suivies pour les aider à établir une stratégie, identifier les points à améliorer, etc. « Nous représentons également un soutien à la communication. » Par exemple, l’Onda travaille avec quelque 1 500 programmateurs en France et organise chaque année une cinquantaine de rencontres.
Enfin, une importance particulière est mise sur la diffusion à l’international.Comme le précise Catherine Barthélemy, « une des spécificités de l’Onda est d’accompagner les compagnies françaises à se faire connaître à l’étranger et notamment en Asie et aux Etats-Unis. Une à deux fois par an, nous organisons des délégations. Cette année, nous sommes allés au Japon avec plusieurs compagnies européeennes dont une compagnie soutenue par la Charte. ». Le développement international des équipes est aussi porté par les agences régionales, à l’instar de Spectacle vivant en Bretagne et son programme deploY.
Quelles compagnies sont éligibles ?
La Charte vise à soutenir les compagnies du spectacle vivant, quelle que soit la discipline (théâtre, danse, arts de la rue, musique…). L’ancienneté de la structure n’a donc pas d’incidence. Cela peut concerner des structures jeunes, mais aussi des structures qui ont connu des difficultés, pour les aider à prendre un nouveau départ.
Encore une fois, l’exigence artistique est un critère déterminant. « Les compagnies doivent participer au renouvellement des formes », indique Catherine Barthélemy. Et il est bien entendu nécessaire de disposer d’une proposition artistique bien identifiée. L’objectif étant de “créer un effet de levier” pour amplifier la diffusion d’un spectacle déjà créé.
Idéalement, il faut avoir noué des premiers contacts avec un ou plusieurs lieux de diffusion.
“C’est aux équipes artistiques de faire le premier pas, d’établir des relations, de trouver des soutiens”, souligne Flora Even, responsable information, communication et e-ressources de Spectacle Vivant en Bretagne qui résume avec cette formule : « Aide-toi et on t’aidera.»
Chaque agence a développé ses propres dispositifs de soutien à la diffusion. La première chose à faire est de prendre contact avec un conseiller, pour lui présenter votre projet, voire l’inviter à l’une de ses représentations. Ce conseiller vous communiquera alors les éléments nécessaires pour formuler votre demande, laquelle sera ensuite instruite et soumise à la commission. En ce qui concerne l’Onda, ce sont les lieux qui déposent une de demande.
Et le critère géographique ?
Cependant, une autre condition existe aujourd’hui, et pas des moindres : pour intégrer la Charte d’aide à la diffusion, une compagnie doit être installée dans l’une des 5 régions partenaires. « Nous souhaitons étendre nos partenariats, précise Catherine Barthélémy. Mais cela doit se faire avec des structures qui disposent des mêmes moyens d’accompagnement. »« Toutefois, souligne Nicolas Cardou, les structures partenaires dans le cadre de la Charte couvrent la moitié du territoire. »
Thierry Boré précise qu’«en Pays de Loire, il n’y a pas d’agence régionale, mais toute une série de dispositifs”. Et de souligner l’existence de “synergies entre Pays de Loire, Bretagne et Normandie, trois régions entre lesquelles il y a de bonnes complémentarités”.
Cette organisation reflète aussi une réalité géographique du secteur : “Une grande partie du paysage national des spectacles vivant se concentre en Ile-de-France (35% des compagnies y sont présentes). Cette répartition crée une situation de fragilité puisque les structures du spectacle vivant éprouvent une grande difficulté à se faire connaître”, constate Nicolas Cardou. Avant de conclure sur l’importance de la volonté politique : “A mon sens, la question de la diffusion impose une législation et une intervention publique. »
La Charte d’aide à la diffusion soutient donc, pour le moment, les spectacles de compagnies présentes sur l’un des cinq territoires partenaires, mais l’ensemble des structures de programmation en France peuvent solliciter une aide pour leur accueil. Toutefois, que votre structure soit domiciliée ou non dans l’une des cinq régions citées, n’hésitez pas à contacter l’agence régionale du spectacle vivant dont vous dépendez pour vous renseigner sur les aides à la diffusion.