Le 25 septembre 2017, la 4e édition des Rencontres Professionnelles Salle Cortot, a réuni plus près de 200 professionnels de la musique classique autour d’ateliers, tables-rondes et moments de networking. Parmi les thèmes de la journée, la question des stratégies médias a été abordée au cours d’un atelier réunissant des spécialistes du sujet. La rédaction de Coulisses était présente : compte-rendu.
Autour de Sévérine Garnier, journaliste indépendante (Le Parisien, Sud-Ouest….) et fondatrice du site classiquemaispashasbeen.fr qui animait l’atelier :
- Philippe Alexandre Pham, directeur de la rédaction de classiquenews.com, un média en ligne dédié à l’actualité de la musique classique (concerts, cd, dvd…)
- Isabelle Gillouard, fondatrice et directrice de l’Agence Ysée, une agence de communication globale spécialisée dans la culture et la musique classique
- Emmanuelle Giuliani, journaliste au quotidien La Croix, collaborant aux pages culturelles du journal, notamment sur la musique classique.
Un format d’atelier très interactif, alternant questions de la salle et réponse des intervenants, duquel ont émergé un certain nombre de points clés.
La régularité, c’est important…
Pour les intervenants présents, il est primordial pour les artistes de communiquer régulièrement leurs actualités aux journalistes. Toute la difficulté d’ailleurs et de parvenir à avoir « toujours » une actualité en tant qu’artiste, même en dehors des concerts et des disques.
Point intéressant, les journalistes se posent eux-mêmes la question du suivi. « Faut-il suivre étape par étape la carrière d’un artiste ou faut-il faire de la place aux nouveaux entrants ? », s’interroge Emmanuelle Giuliani. Le fait que les journalistes s’interrogent sur ce point laisse la porte ouverte à des possibilités pour tous.
Faut-il relancer après un envoi ?
La réponse d’Emmanuelle Giulani est affirmative : «Un petit coup de téléphone de suivi, un contact direct après un envoi de disque, ça ne peut pas nuire ».
Isabelle Gillouard précise l’importance de « s’adapter au mode de fonctionnement des journalistes » (les relancer soit par mail, soit par texto, suivant leurs habitudes).
Soigner la forme
Des personnes présentes dans la salle interrogent les journalistes présents au sujet de la manière dont ils traitent les disques qu’ils reçoivent : « Quels sont vos critères ? Qu’est-ce qui vous accroche ? La plaquette ? Le nom de l’artiste ? »
Les intervenants insistent sur l’importance d’un travail graphique soigné : « Oui, la pochette, c’est hyper important. Un petit effet graphique sur la pochette ne fait pas de mal ! » (Séverine Garnier)
Philippe Alexandre Pham renchérit en insistant sur l’importance de la vidéo. Il est aujourd’hui indispensable d’ « avoir un teaser Youtube, avec une bonne prise de son »
Faut-il privilégier le contact via un(e) attaché(e) de presse ?
Emmanuelle Giuliani reconnaît que « les attaché(e)s de presse font un filtre ». Et, qu’un en sens, « il est plus facile de dire non à un attaché de presse ». Comprendre : parfois, si les journalistes ne répondent pas un artiste, c’est qu’ils n’osent pas lui dire non…
Penser à la presse régionale !
Sévérine Garnier, qui travaille à la fois pour Sud-Ouest (pages Gironde) et le Parisien, le confirme : « Oui, il y a plus de place en région ». En l’occurrence, dans le cas de Sud-Ouest : « un grand papier et cinq brèves par semaine ».
En conséquence, il ne faut pas hésiter à communiquer régulièrement ses dates de concert ou son actualité aux journalistes régionaux.
Faut-il envoyer « toutes » ses dates ?
…au risque d’apparaître comme trop insistant auprès des journalistes ? S’interroge une responsable communication d’un ensemble de musique classique présente dans la salle.
« Oui, bien sûr tenez-nous au courant de toutes vos dates. On ne sait jamais, on risque de rebondir », répond Séverine Garnier, qui insiste néanmoins sur l’importance de rester bien ciblé : « Si vous écrivez à Sud-Ouest, inutile de nous tenir au courant de dates hors de la région ».
Personnaliser son discours
Tous les intervenants s’accordent sur l’importance de personnaliser le discours. Séverine Garnier explicite : « Pour la presse nationale , il faut mettre en avant le côté avant-gardiste, l’originalité de la démarche. Alors que pour la presse locale, l’originalité d’un concert n’est pas forcément un critère, mais plus sa qualité ou son lien avec la région ».
Emmanuelle Giuliani confirme apprécier un discours affiné par rapport à ce qui aura pu être fait dans le passé, par exemple : « Vous avez fait un papier sur tel artiste il y a trois mois. Je pense que ce projet pourrait intéresser vos lecteurs car il est de la même veine ».
Isabelle Gillouard insiste sur l’intérêt de proposer des angles nouveaux : « Vous pensiez que vous avez fait le tour de la question, mais voici comment vous pourriez en parler autrement… »
Que penser des partenariats ?
Lorsqu’on évoque des sites comme l’anglais Bachtrack , sur lequel on peut avoir de l’éditorial en échange de publicité, les avis sont unanimes : « caricatural », « court-cirtuite les journalistes »…
Pour Philippe Alexandre Pham, les partenariats « posent la question de la perméabilité entre le discernement des journalistes et les annonceurs. ». Et d’ajouter, « certes, les partenariats, ça existe. Mais en terme de contenu, la rédaction doit rester décideuse. »
Séverine Garnier insiste quant à elle sur l’importance de « pouvoir bien identifier ce qui relève du publi-communiqué », ainsi on sait qui a financé l’article. Elle souligne néanmoins « l’intérêt des partenariats, c’est d’entamer un dialogue. J’ai découvert des festivals grâce aux partenariats. »
De l’importance d’une stratégie globale
En conclusion, les intervenants rappellent l’importance prise par Internet et les réseaux sociaux. « Un bon plan de communication, ce n’est plus uniquement les médias traditionnels » précise Isabelle Gillouard.
En conclusion, la fondatrice de l’Agence Ysée recentre sur l’importance de la stratégie :
- avoir une réflexion en termes de stratégie
- identifier les temps forts sur lesquels il pourrait être pertinent de communiquer
- mettre l’accent sur ces temps forts
- les relayer de manière spécifique / ciblée en fonction des journalistes
Un atelier rempli de conseils pratiques d’experts, sans langue de bois, avec beaucoup d’échanges avec le public, à l’image de ce à quoi nous ont habitué les « Rencontres Professionnelles Salle Cortot »
Crédit photo : Rencontres Professionnelles Salle Cortot