Aujourd’hui composée de 123 membres, la Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés (FEVIS) observe, depuis 14 ans, l’évolution du secteur. Sa dernière étude parue en octobre 2015, portant sur les années 2012 à 2014, à laquelle s’ajoute l’évolution marquée par les premiers mois de 2015, met en évidence une baisse importante de la diffusion malgré le dynamisme des ensembles qui ne cessent d’inventer artistiquement. Décryptage.
Une exceptionnelle diversité
Avec plus de 1,3 million d’auditeurs en 2014, les ensembles spécialisés occupent, de manière incontestable, une place importante dans le paysage musical. Il faut dire aussi que les ensembles rivalisent de créativité : théâtre musical, chant a capella, spectacles médiévaux, créations contemporaines, orchestres du grand répertoire… L’étude pointe non seulement la grande diversité des répertoires représentés mais aussi la volonté de mêler les disciplines artistiques au sein d’un même projet, au delà du répertoire principal déclaré. Cette créativité, cette capacité à innover est une force indéniable des ensembles, un gage de vitalité qui suscite l’intérêt du public et des entreprises.
Au total, les ensembles indépendants ont donné près de 3 000 concerts et spectacles en 2014, dont de nombreuses actions de médiation et pédagogiques. Rappelons en effet, que 105 200 personnes ont été touchées par les actions de médiation des ensembles, notamment les enfants et les « publics empêchés ». Ainsi, la culture démontre, une fois encore, son rôle social et sa portée universelle.
L’étude souligne également l’internationalisation des ensembles puisque l’étranger représente, en 2014, 15% des débouchés (la tendance 2014/2015 pointe une baisse dans l’Union Européenne mais une hausse par ailleurs).
Baisse du nombre de représentations…
Malgré cette belle dynamique, l’étude montre que le nombre de représentations, entre 2014 et 2015, a chuté de 12%. Ce qui entraîne inévitablement une baisse de la masse salariale (- 18% dans l’administration) et du nombre d’heures des intermittents dans les ensembles (- 8%).
Si ces derniers peinent à diffuser leurs programmes, cela s’explique, en partie, par le coût que représentent leurs interventions. En effet, si le coût de diffusion d’un programme était similaire en 2014 et en 2015, les difficultés apparaissent notamment du fait de la baisse des moyens financiers des lieux de diffusion. Mais pas seulement.
… dues notamment à la baisse des subventions
En effet, l’étude de la FEVIS note que le budget moyen des ensembles relève pour 57% du chiffre d’affaire généré notamment par les contrats de cession, pour 32% des subventions et pour 11 % du mécénat. Or, l’étude révèle une contraction des financements publics…
En outre, « entre 2014 et 2015, les montants attribués par toutes les collectivités ayant connu une récente élection ont diminué. » Président de la FEVIS, Jacques Toubon s’inquiète notamment de la réorganisation des régions et des transferts de compétences. A noter également que sur ces nouveaux territoires seront mis en concurrence, de fait, plusieurs ensembles de musique ancienne…
Dans ce contexte, le mécénat joue un rôle croissant
Paradoxalement, de plus en plus d’organisateurs souhaitent des projets spécifiques à leurs thématiques et non plus, des tournées, pourtant moins coûteuses puisqu’un même spectacle est donné plusieurs fois.
Pour faire face à l’augmentation de ces coûts couplée à la baisse des subventions, les ensembles doivent rechercher de plus en plus de fonds privés. D’ailleurs, la part du mécénat a augmenté de 13% dans le budget global des ensembles.
A l’occasion de cette étude, Jacques Toubon rappelle que « ces équipes artistiques sont des entrepreneurs exemplaires et des citoyens engagés, qui apportent une pierre à l’édifice social ».