Lorsque l’on parle de mécénat, parler de la loi Aillagon est inévitable. Votée le 1er août 2003, elle réglemente le mécénat pour les associations et fondations. Elle prévoit une réglementation du mécénat d’entreprise mais aussi du mécénat de particuliers, chacun ayant ses avantages et contreparties. Nous allons ici aborder cette loi, qui favorise le développement d’une nouvelle source de financement pour votre structure.
En 2003, la loi Aillagon a quasiment doublé les avantages fiscaux offerts aux entreprises. Elle consacre le mécénat comme une pratique accessible à tous les chefs d’entreprise, dirigeants associatifs, quel que soit leur chiffre d’affaires et le montant de leur don. Dans l’optique d’étendre la pratique du mécénat au-delà des entreprises, la loi prévoit aussi un mécénat de particuliers qui peuvent faire un don dans leur cadre privé.
À qui s’adresse cette loi ?
Nous avons déjà précisé que le mécénat peut être pratiqué par les entreprises comme par les particuliers. Les dons, en revanche, ne peuvent être reçus que par des structures reconnues d’intérêt général. Seuls les organismes qui bénéficient des articles 200 et 238 bis du CGI (code général des impôts) peuvent faire appel au mécénat. Ils répondent à divers critères de reconnaissance d’utilité publique, d’intérêt général et/ou de gestion désintéressée en fonction de leur activité (culturelle ; concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique ; présentation au public d’œuvres dramatiques, lyriques, musicales, chorégraphiques, d’art contemporain…).
Au-delà de l’État, des établissements publics ou des collectivités territoriales, cette reconnaissance sera validée par un décret ou un rescrit fiscal, qui sera émis par la direction des services fiscaux dont l’organisme dépend. Un ensemble, un orchestre ou même un festival, peut bénéficier du mécénat dès lors qu’il respecte les critères d’éligibilité.
Quels types de mécénat ?
Le mécénat ne se résume pas uniquement à une donation financière. Voici les trois types de mécénat explicités dans la loi Aillagon :
- le mécénat financier : le plus connu et le plus courant. Il repose sur un versement en numéraire par chèque, ou par virement, paiement en ligne à l’organisme (culturel, social…).
- le mécénat en nature : le don d’un bien, d’une marchandise, d’un service. Cela concerne autant un véhicule qu’un rideau pour un théâtre ou des sièges.
- le mécénat de compétences : il permet d’intégrer un salarié dans la vie de l’entreprise mécène pour lui apporter des compétences d’organisation, de gestion et production.
Des avantages pour tous
Les avantages du mécénat culturel touchent autant les donateurs que l’organisme qui reçoit. On peut les classer en deux catégories : le financement et la dynamique culturelle.
Avantages liés au financement :
- diversification des sources de financement pour l’organisme receveur : nouvelle répartition des risques financiers, plus sûre.
- mise en visibilité de l’entreprise mécène sur un projet qui incarne et concrétise ses valeurs.
- réduction d’impôt à hauteur de 60 % du versement pour les entreprises (dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires hors-taxes). Selon la structure, cela peut être une réduction de l’impôt sur les sociétés ou l’impôt sur le revenu (entrepreneurs individuels).
- réduction d’impôt à hauteur de 66 % du versement pour les particuliers, dans la limite de 20% des revenus imposables.
Avantages liés à la dynamique culturelle :
- partage de compétences et de cultures entre l’organisme culturel et l’entreprise : organisation, stratégie, reporting, émergence de nouvelles méthodes et nouveaux outils.
- élargissement de l’audience : nouveaux spectateurs qui amènent un nouveau public à la salle.
- fidélisation du public : les contreparties (assister aux répétitions, rencontrer les artistes), créent une exigence unique très appréciée, création d’ambassadeurs pour les structures.
Les contreparties
Au-delà de la réduction d’impôt, les mécènes peuvent aussi recevoir des contreparties. En échange des fonds reçus, votre organisme culturel peut faire bénéficier d’un programme de reconnaissance d’une valeur plus ou moins importante selon le don.
Les contreparties dans le monde du spectacle sont nombreuses, en voici quelques exemples :
– Pour l’entreprise :
- places de spectacle pour le comité d’entreprise ;
- espace de visibilité sur les documents de promotions (affiche, dossier de presse) ;
- facilité d’utilisation des espaces (réception des clients et collaborateurs).
– Pour le particulier :
- invitations au spectacle, avant-première, répétitions ;
- dîner avec les artistes ;
- visite des coulisses ;
- éléments numériques exclusifs en avant-première (vidéos, infos, images) ;
- objets dérivés (affiche, dvd du spectacle, album d’un orchestre) ;
- remerciements sur le site internet ou documents de communication.
Il y a néanmoins des limites à la contrepartie puisqu’elle ne doit pas représenter plus de 25 % du don ou 65 € pour les particuliers. Au-delà de cette somme, il faudra parler de sponsoring, ce qui obéit à des règles différentes. Dans ce cas, les ressources sont soumises à la TVA pour le récipiendaire et le sponsor déclare son apport financier en tant que charges de communication.
On constate que le mécénat, plus qu’une simple aide financière, est une porte ouverte vers la fidélisation de nouveaux spectateurs dans le domaine du spectacle vivant. Il apporte une sécurité supplémentaire au financement d’un projet, ainsi qu’une richesse supplémentaire en matière d’expérience : celles de l’entreprise, du particulier et des acteurs de l’organisme culturel. Pour plus d’informations sur la loi Aillagon, consultez le texte intégral sur le site du Ministère de la Justice.
Nous remercions CultureTime pour leur expertise et leurs informations communiquées pour cet article.
Source de l’image à la Une : Flickr (Jonathan Youngblood)