Au moment où une grande majorité du pays s’apprête à reprendre un semblant d’activité normale, le secteur du spectacle vivant n’a pas encore de visibilité claire sur les modalités de sa reprise. Et même des inquiétudes fortes sur une reprise très tardive avec ses conséquences probables sur un secteur déjà très fragilisé. Une seule chose semble sûre : il va falloir se réinventer !
Réinventer son lien avec le public
Pour l’ensemble du spectacle vivant, et pour la société, il faut avant tout continuer à faire vivre la création et la production dans cette période particulière. Avec des contraintes nouvelles à accepter, mais avec des solutions originales à trouver. La phase de déconfinement progressif devrait permettre de reprendre, à défaut d’une rencontre avec le public en nombre, la reprise d’activités de créations. Au-delà des considérations économiques qui sont réelles il faut avant tout le faire profiter de la force du geste artistique dans cette période de reconstruction !
Bien sûr, il faudra très vite trouver un moyen de rencontrer à nouveau le public. Mais en attendant, pourquoi ne pas rencontrer son public autrement ? Par exemple, dès la phase de création, en se rapprochant d’un tiers lieux culturel, où les artistes peuvent trouver de nouvelles sources d’inspiration et de créativité. Ou en remettant au premier plan le public dit “empêché”, qui se retrouve paradoxalement un des rares à ne pas être empêché aujourd’hui : le théâtre à domicile, les prisons, les interventions dans les écoles (qui rouvrent leurs portes) ou dans les zones rurales.
Enfin, même si rien ne remplace la présence physique du public, on ne peut pas nier dans cette période l’importance du digital, qui va notamment vous permettre de garder un lien avec votre public. L’occasion d’insister sur le caractère vital pour les festivals, producteurs, lieux de spectacle de conserver le lien avec son public. Le TMN Lab pose d’ailleurs une question qui mérite d’être posée : “Publics en ligne, public en soi ?” (l’histoire ne dit pas si la rencontre, prévu le 8 juin prochain aura lieu “en présentiel” ou “en ligne”).
Réinventer son modèle économique
Et si cette crise est l’occasion de chercher à tendre vers un modèle plus sain ? En termes de bilan carbone, par exemple, en suivant l’exemple de l’Orchestre de Lathi (Finlande) qui s’est lancé depuis 3 ans dans le projet d’atteindre la neutralité carbone dans ses activités. En s’inspirant des AMACCA qui prônent des dispositifs de développement local similaires à ceux des AMAP pour l’agriculture paysanne ? Une transition écologique et sociétale mise en lumière depuis près de 10 ans par l’Espace DD des BIS qui pourrait enfin s’accélérer ?
Il sera peut-être nécessaire de chercher à faire évoluer ses sources de revenus. Cette période ne pourrait-elle pas être l’occasion de développer plus largement le mécénat culturel ? Autre sujet qui revient sur le devant le scène : la monétisation du streaming. Déja expérimentée dans les musiques actuelles (on pense au Live Stream Tour de duo Larkin Poe, aux solutions comme Veeps et Tipeestream), elle pourrait se développer dans d’autres disciplines. Citons initiative de l’Apollo Théâtre, qui propose ses spectacles en livestreaming, ou les ensembles et orchestres classiques développer plus largement les enregistrements. Et si vous trouvez que les concerts en ligne sont trop impersonnels, essayez les concerts en drive-in !
Enfin, il appartiendra également à l’État de réévaluer son soutien à la Culture. Après 6 semaines de confinement et de silence du Ministère de la Culture, si le président Macron a finalement tweeté qu’il annoncerait des mesures en faveur du secteur culturel ce mercredi 6 mai. Espérons que le réponse sera à la hauteur des enjeux. Pourquoi pas l’occasion d’un New Deal de la culture, comme le proposait l’inusable Jack Lang dans les colonnes du Parisien la semaine dernière.D’ailleurs, le mot “réinventer” n’est-il pas celui qui a été employé par le président Macron à la fin de son allocution du 13 mai ?
Réinventer son organisation
Plusieurs questions se poseront inévitablement à la fin du confinement. Par exemple, est-il indispensable de conserver des locaux pour toutes les structures du spectacle vivant ? Ne pourrait-on pas, à contrario, généraliser le télétravail et se réunir “moins souvent mais mieux” à l’occasion de rencontres ou de séminaires ?. Et si à l’avenir on mutualisait plus de ressources via des groupements d’employeurs ? Et si on faisait plus largement appel à du mécénat de compétence ?
Dans une période où les principales rencontres professionnelles entre producteurs et programmateurs ont été annulées, alors que le besoin de se rencontrer pour parler d’avenir n’a jamais été aussi fort, quelles nouvelles formes de collaboration inventer pour suppléer à tous ces échanges qui n’ont pas pu avoir lieu ? Créer des communautés Slack en ligne ? Organiser des speed-meetings en ligne ? Cela fait certes moins rêver qu’un échange en face à face, mais ne serait-ce pas mieux que rien ?
Enfin, si votre structure n’est pas encore équipée d’un outil pour centraliser l’ensemble des informations liées à votre activité – diffusion / booking, production, gestion, administration – c’est le moment de se poser la question de s’équiper d’un logiciel collaboratif en ligne ! A la clé, une information mieux partagée, une meilleure adaptation au télétravail, plus d’efficacité. Sur ce sujet, toute l’équipe d’Orfeo reste à votre disposition pour échanger avec vous sur vos projets.
Faire preuve de résilience, de capacité d’adaptation, garder espoir, être solidaires, être soutenus, être inventifs, être positifs, se réinventer…Une feuille de route ambitieuse mais nécessaire !